Le Roi Lear Ici, pas de palais ni de couronne brillante. Un espace nu, balayé par la tempête. Un roi vieillit, se trompe, se perd. Ses filles l’aiment, le trahissent, le jugent. Et derrière la tragédie, un rire amer gronde. Car Shakespeare nous rappelle que l’homme est à la fois sublime et ridicule, majestueux et grotesque, fragile et violent. Dans la chute de Lear, c’est notre propre monde qui se reflète : un monde d’orgueil, d’injustice, mais aussi de vérité mise à nu. Ce soir, ce n’est pas seulement Lear que vous verrez tomber, c’est peut-être nous tous, dans ce miroir sans fard. La tragédie du Roi Lear explore des thèmes universels qui résonnent encore aujourd’hui. Elle met en lumière la fragilité du pouvoir lorsqu’il repose sur l’orgueil et l’illusion. Comme Lear, certains dirigeants actuels cèdent à la flatterie et ignorent la vérité. Notre Roi Lear veut un espace nu où se reflète notre propre humanité. Shakespeare y peint la chute d’un roi, mais derrière le destin individuel, c’est la condition humaine tout entière qui apparaît. Le pouvoir y est fragile, les familles déchirées par l’ambition, les plus faibles écrasés par les conflits des puissants : autant de réalités qui résonnent dans nos sociétés contemporaines. Un dépouillement né dans un vent de carnaval qui s’engouffrant sur le plateau, a balayé tous les poncifs pour révéler la dimension burlesque de la tragédie : la folie de Lear qui distribue son pouvoir en échange de quelques mots d’amour, l’avidité grotesque de ses filles. Et l’éternelle absurdité du monde, éclate, produisant un rire amer. Dans ce monde païen où la folie humaine détruit l’ordre des choses, c’est la nature toute entière qui se révolte, rejouant la tragédie humaine dans un éclat de rire blottit au coeur d’une larme. Un jeu de fou, où plus rien n’a de raison, les cartes ne garantissent plus aucune place, aucun rôle, soulignant l’essence mouvante des choses. L’honnête est chassé. Le fourbe est béni. Le Fou en maître d’école va instruire le roi. Ce mélange de sublime et de grotesque met en lumière la vérité la plus profonde : nous sommes tous traversés par la même contradiction, entre grandeur et petitesse, dignité et ridicule. Lear c’est un monde qui s’effondre. Alors tout pourra renaître : « Cette renaissance ne veut pas dire restauration des anciens dans leur ancienneté mais redécouvrir la source et se laisser, plus loin, ailleurs, emporter par le courant. » J.C Ameisen Ainsi, Le Roi Lear se fait miroir de notre époque : dénonçant l’orgueil, l’ambition aveugle et l’injustice sociale. Les excès du pouvoir et les querelles des rois aggravant la souffrance des plus faibles. Lear lui-même, en tombant dans la pauvreté, comprend trop tard ce déséquilibre, découvrant la fragilité universelle de l’homme. Dans un espace scénique volontairement dépouillé, il ne reste plus que les voix et les corps des acteurs pour incarner cette humanité mise à nu, et c’est là que réside la force du théâtre. Le Fou « …Tu n’avais guère d’esprit sous ta couronne chauve quand tu rejetas ta couronne d’or. Si je parle en fou qu’on fouette le premier qui s’en avise… » Note d’intention Mettre en scène Le Roi Lear aujourd’hui, c’est accepter de regarder dans un miroir sans complaisance. Shakespeare y raconte l’histoire d’un roi déchu, trahi par les siens, condamné à traverser la tempête extérieure et intérieure. Mais au-delà du destin d’un homme, la pièce révèle une vérité universelle : le pouvoir est fragile, la famille est traversée par l’ambition, et l’injustice sociale pèse toujours sur les plus vulnérables. Notre choix a été celui du dépouillement. Sur scène, pas de décors grandiloquents : un espace nu, brut, où chaque geste et chaque mot prennent une force nouvelle. Cette austérité met en valeur l’essentiel : la puissance du texte et la présence des acteurs. Car c’est à travers leurs corps et leurs voix que l’humanité de Lear se dévoile, dans toute sa violence et sa fragilité. Mais la grandeur tragique de l’oeuvre ne va pas sans une dimension burlesque. Le délire de Lear, l’avidité grotesque de ses filles, les excès des puissants : tout cela frôle parfois le ridicule, comme si Shakespeare rappelait que l’homme est à la fois sublime et dérisoire. Ce rire amer, qui surgit au coeur de la tragédie, vient renforcer sa profondeur : il met à nu nos contradictions, entre dignité et absurdité, entre majesté et chute. À travers cette lecture, nous ne cherchons pas à illustrer un passé révolu, mais à tendre un miroir à notre monde. Un monde où les inégalités se creusent, où le pouvoir se nourrit souvent de flatteries, où la vieillesse et la dépendance interrogent notre rapport à la dignité humaine. Dans la tempête de Lear, nous reconnaissons la nôtre. Ce spectacle veut offrir une expérience radicale : revenir à l’essentiel du théâtre, c’est-à-dire un texte, des acteurs et un public. Dans ce face-à-face, dépouillé de tout artifice, la tragédie devient l’espace où chacun peut mesurer sa propre part de grandeur et de fragilité. Avec : Frank Desmaroux, Svetlana Zindovic, Gérard Gille , Mell Malina, Lucile Seguin, Nadège Vachey, Athénaé Maso Y Guell Rivet , Igor Badnjar, Marlon Bendeks, Maxime Bouillot, Ferdinand Mochot. Mise en scène : Dante Desmaroux, assistante à la mise en scène : Camille Doucet